Les rues d'Ossam

Devant elle, la foule semblait s’étirer à l’infini. Les hommes et les femmes grognaient, s’invectivaient et se bousculaient copieusement sans discontinuer. Traverser cette masse humaine lui semblait être une épreuve insurmontable. Pourtant Lin en avait connues des épreuves difficiles durant l’année écoulée depuis la destruction du culte du nécromancien.

La jeune femme baissa les yeux vers son poignet. Avec tout ce qu’elle avait accompli elle avait réussi a gagner son 2ème anneau. Celui qui lui permettait de faire officiellement partie de la guilde. Elle avait encore du chemin et surtout un grand nombre de missions à accomplir avant d’obtenir l’anneau suivant. Et c’était la raison pour laquelle elle se retrouvait dans cette ville immense où des gens de tout horizon se retrouvaient par centaine pour s‘insulter sans distinction. Quel endroit charmant.

- Avance, petite idiote, siffla à son oreille la voix de Ténaris.

La femme qui passait à côté de Lin lui lança le regard le plus meurtrier que la jeune fille ait jamais vu, retroussa les lèvres et sembla vouloir dire quelque chose avant de s’éloigner. Elle avait sûrement dû entendre Ténaris mais n’avait pas vraiment pu savoir qui avait dit ça et si ça lui était véritablement adressé.

Lin avança parmi la foule et traversa non sans mal l’avenue bondée. Elle arriva finalement devant une auberge aux proportions étranges et faite de matériaux de faible qualité mais qui semblait plutôt propre. Formé d'un seul bloc, le bâtiment semblait bizarrement courtaud. Les fenêtres du rez-de-chaussée avaient l'air plus petites que celles du premier étage et les fenêtres à droite de la massive porte se comptaient au nombre de 4 tandis que la jeune femme en dénombrait 5 à gauche. Le tout donnait une impression de désordre intriguant. Lin se demanda si cela pouvait être un effet voulu par les propriétaires.

En parcourant les lieux du regard, la jeune femme remarqua que, près de la grille ouverte entourant la cour, se dressait une statue de granit représentant l’Empereur lui-même. La statue n’était même pas belle mais Lin l’inspecta avec intention. Le masque de l’Empereur était grossièrement taillé et ses bras écartés semblaient vouloir accueillir chacun avec bienveillance dans une étreinte chaleureuse. Quel magnifique mensonge.